Bonjour, un petit récit de pêche en cette rentrée...pour le blog...

C'tait un matin bien tôt, 5 h. Diling diling. Ça sonne. Mais qu'il est con ce réveil. Comme si j'avais besoin d'lui! Rien qu'à l'idée d'aller taquiner le gardon j'avais pas fermé l'oeil! Eh ducon, va pas vendre un réveil à un pêcheur! Y vit pas au rythme des horloges, son temps c'est la marée, et la marée il l'a dans le coeur, comme le disait Ferré... Ferré? 

Remarque, moi aussi je suis piqué, c'est par la gueule que je me traîne en bas. 
Je me prépare, d'instinct, une canne, légère, un plomb de 30 gr et un hameçon de 2. J'va dépeupler l'océan en light, c'est décidé! La nouvelle vague, quoi, pas besoin de lance missile pour faire du cinéma, pour atteindre la poiscaille.
Car elle est là, elle m'attend, c'est un RDV qu'on a, un duel, le duel de l'aube, et puis en ces temps de guerre faut économiser ses armes. Direction le garage, faire gaffe à réveiller personne, des fois le gosse se mette à gueuler pour aller à la pêche... Promis mon grand, pour tes deux ans je t'emmènerai sur mon porte bagage. 
Fait encore bien nuit malgré que les étoiles me fassent de l'oeil et c'est à la frontale que je dirige vers mon domaine, mon royaume, j'ai dit le garage, la remise, là où que ça hume la mer et ce qui a dedans.
Ah ce dou ron ron, ça fait des bulles c'te putain machine ! C'est pas du AC-DC mais ça sonne bien quand même en 220.
Ma main dans l'eau froide saisit quelques bibis, ça change du slip à m'amour mais ça sent bon pareil, la moule et l'huitre, j'en raffole. Désir de jeune femme qu'on l'appelle par ici le bibi, alors je pédale vers la plage, bien à fond, faut pas déconner! Seul, tout seul. Pas une bagnole je parie, comme d'habitude, juste le camion des poubelles peut-être bien qui ramassera vous savez quoi sur la route de la corniche.
A vélo, oui, ça clignote rouge derrière et blanc devant, allez, avec ces feux au cul j'va m'taper les 5 bornes en 10 min. Promis.
J'avance, je cours après des lapins, y s'ont encore peur de moi ces cons... Depuis le temps pourtant ils pourraient pas prendre une canne 8-35 pour autre chose qu'une 22?

François nous régale en Bretagne

Noir, fait tout noir, faute à pas de lune. La mer est basse comme j'aime, elle va monter le long des cailloux tout à gauche de la plage, à côté du béton laissé par les allemands du temps où qu'ils voulaient se protéger des envahisseurs.
Moi, je suis là, 20 min pour 5 bornes..., les escargots ont fait krak sur la dune et je cueille une plante grasse pour l'écraser et puis je sens mes doigts, mes doigts qui sentent la plante.
Je suis là et personne pour me foutre dehors, ici la frontière c'est l'horizon, et puis au fond de moi un frisson qui me dérange. Le cri des hérons, ça m'a toujours fait flipper.
Putain que je suis pas grand chose.
Bientôt les nuages qui arrivent plein ouest de la mer se mettent à rosir.
Juste le bruit du plomb qui fend l'air et puis plouf et l'onde qui fait des ronds.
Je bouge plus, j'ai la canne en main, je ramène lentement le piège tendu aux bêtes qui nagent encore. Je sens le sol, la moindre vague de sable au fond. J'attends. Et puis...
D'abord une grise, puis une rose, puis une royale.
C'est fou comme les dorades ça ressemble à un lever de soleil...c'est gris, c'est rose et puis ça brille doré comme le soleil..!

 

François nous régale en Bretagne
François nous régale en Bretagne

Merci beaucoup François pour ton récit que j'ai adoré lire et relire, tu m'as régalé!

Bravo aussi pour cette dorade majestueuse, j'ai déjà hâte de lire ta prochaine belle prise...

Vive la mer, vive la pêche en mer, vive le surfcasting.

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